Cherchant à garder une trace de ce qui forge la culture ouvrière et populaire à Saint-Etienne, le photographe saisit les supporters de football dans la rue.
Fonds Jean-Louis Schoellkopf
Le photographe français Jean-Louis Schoellkopf (né en 1946) témoigne une grande confiance à l’Institut pour la photographie en lui déposant l’ensemble de ses négatifs, ektachromes et planches-contacts, soit plus de 11.000 phototypes, ce qui représente environ 30.000 images. L’étude de ces corpus et les échanges avec le photographe sur sa pratique de la photographie marqueront un nouveau rapport dialectique, méthode chère à son œuvre.
Depuis le début des années 70, Jean-Louis Schoellkopf conçoit la photographie comme un outil d’enquête et de critique sociale pour questionner les développements urbains contemporains. Son approche documentaire révèle tout particulièrement les conséquences de la fin de l’ère industrielle sur ces paysages urbains, en France et à l’étranger – Saint-Etienne, Gênes, Rotterdam, Stuttgart, Barcelone, les XIIIème et XIXème arrondissements de Paris, l’agglomération de Lille-Roubaix-Tourcoing – en tenant compte de leur histoire, leur géographie et leur sociologie. Il dresse un portrait des habitants de ces mêmes lieux selon un protocole établi, produisant des configurations communes et singulières.
Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées dans différents musées et institutions en France comme à l’international. Son œuvre est représentée dans les collections publiques françaises telles que le CNAP, les FRAC Rhône-Alpes et Haute-Normandie, le Musée d’art moderne de la ville de Paris, le Musée d’art contemporain de Strasbourg, la Caisse des dépôts et consignations.
L’œuvre de Jean-Louis Schoellkopf est déjà reconnue dans les Hauts-de-France. Six tirages de sa série Liévin, les cimetières militaires réalisée sur le territoire sont conservés au FRAC Grand Large à Dunkerque et le CRP/ Centre régional de la photographie à Douchy-les-Mines lui a consacré une exposition en 2011.
Retrouvez le podcast Ecoutez, Voir réalisé par Brigitte Patient sur sa série Les Travailleurs.
Les supporters
1976 Saint-EtienneCherchant à garder une trace de ce qui forge la culture ouvrière et populaire à Saint-Etienne, le photographe saisit les supporters de football dans la rue.
link to gallerySaint-Etienne, La mine
1981 Saint-ÉtienneS’intéressant à l’aspect industriel de Saint-Étienne, Jean-Louis Schoellkopf photographie les mineurs à la Ricamarie juste avant la fermeture des derniers puits.
link to galleryJoubert
1985 JoubertAlors qu’il travaille dans un foyer de vie pour adultes handicapés, le photographe fait le portrait de ceux qu’il fréquente au quotidien.
link to galleryVenissieux-Vaux-en-Velin
1987 Venissieux-Vaux-en-VelinPour cette commande autour des banlieue communistes de Lyon, Jean-Louis Schoellkopf choisit de représenter les conditions de vie et de travail des habitant à travers des portraits.
link to gallerySaint-Étienne, Les salons
1987 Saint-ÉtienneLes habitants photographiés dans leur intérieur constitue une ligne conductrice importante chez le photographe. Les salons de Saint-Étienne en sont un des premiers exemples, aperçu de la diversité des logements et des situations sociales.
link to galleryPalestine, les camps de réfugiés
1993 PalestineSe situant dans une démarche à la fois distanciée de l’actualité brûlante entre Israël-Palestine et de proximité par rapport aux personnes photographiées, Jean-Louis Schoellkopf tente de donner une vision globale sur les habitants de la Palestine.
link to gallerySaint-Etienne « postmoderne »
1995 Saint-EtienneJean-Louis Schoellkopf dresse un inventaire de l’architecture dans la ville de Saint-Étienne.
link to galleryNourritures
1995-1996Le photographe réalise une série de natures mortes au gré des aliments qu’il trouve pour cuisiner, toujours sur la même table avec le même protocole. Ces images sont prises au même moment que celles de la ville de Saint-Étienne, établissant un lien intime et culturel entre nourriture et architecture.
link to galleryGênes
1997 GênesPour cette commande documentaire de Stefano Boeri (responsable de l’agence de plan du Port de Gênes) destinée à questionner l’identité de la ville portuaire en mutation, Jean-Louis Schoellkopf photographie la zone de contact entre port et ville, ses « points de conflit » et « rencontres poétiques ».
link to galleryLouviers, L’usine Audresset
2001 LouviersCes images gardent la mémoire de la dernière filature de la ville qui a fermé ses portes et licencié les ouvriers quelques mois après l’exposition des photographies au Musée de Louviers.
link to galleryLe Grand-Hornu
2002Jean-Louis Schoellkopf témoigne de l’évolution du site minier du Grand-Hornu et de l’impact produit sur ses habitants actuels, remettant au centre l’histoire des travailleurs de la mine.
link to galleryLes Latin Kings
2008 BarceloneLe photographe propose sous la forme d’un séminaire en lien avec l’Asociacion Cultural Reyes y Reinas Latinos de Catalunya des portraits de cette communauté issue des émigrants latino-américain.
link to galleryBiographie
Né en 1946 à Colmar, Jean-Louis Schoellkopf pratique la photographie dès la fin des années 1960 au Canada. Tandis qu’il travaille comme technicien de laboratoire il réalise ses premières images et débute son expérience de photographe : portraits d’ouvriers dans les usines, vues de Montréal, portraits de musiciens.
En 1974, de retour en France, il s’installe à Saint-Etienne où subsiste alors une importante activité industrielle. Après quelques collaborations avec la presse, il renonce à l’idée du reportage pour privilégier la notion de portrait, qu’il conçoit à l’échelle de la ville.
Jean-Louis Schoellkopf s’intéresse aux mutations de la ville, à la culture ouvrière et au travail dans les mines. Il s’infiltre dans les usines pour photographier les ouvriers. L’image devient matière à échanger afin de susciter un dialogue avec les travailleurs, provoquer une prise de conscience de leurs conditions de travail. Il s’affranchit le plus souvent des règles, ne souhaitant pas se rattacher à un groupe, que celui-ci soit politique ou photographique.
A la fin des années 1970, son poste d’éducateur dans un établissement d’aide à l’insertion de personnes en situation de handicap lui ouvre les portes pour réaliser des portraits au sein de différentes institutions. Ce qui donnera lieu à plusieurs séries, dont celle de Joubert (1986).
En 1986, le FRAC Rhône-Alpes lui achète un ensemble de photographies de cette série et de celle des Mineurs. Il obtient une bourse de cette même institution pour continuer ses travaux à Saint-Etienne.
En 1987-1988, l’école d’architecture de Saint-Etienne lui demande de réaliser des vues de façades d’immeubles. Il joue alors sur l’équilibre entre la représentation de l’habitat et de ses occupants. Dans son œuvre, les portraits d’intérieurs constituent un fil conducteur qui dressent une cartographie des manières de vivre en France et à l’étranger.
A l’issue de l’exposition de ses photographies à la maison de la culture de Saint-Etienne en 1991, il collaborera plusieurs années avec le journal Libération.
A partir du début des années 1990, les expositions se succèdent. Il participera notamment en 1997 à la Documenta, exposition quinquennale d’art contemporain à Cassel. Il poursuivra ses séries de portraits de la classe ouvrière tout au long des années 2000.
Jean-Louis Schoellkopf participe ainsi à « documenter » les territoires. Des territoires industriels, en état de désindustrialisation ou au contraire, de réhabilitation. Il s’intéresse aux gens, à leurs activités, à leurs histoires privilégiant un temps long qui inscrit une relation de confiance avec ceux qui sont photographiés.