SAEIO
DO UT DES
L’artiste graffeur parisien SAEIO (1987-2017) se distingue par sa « pratique picturale large » pour interagir avec la réalité ordinaire de l’espace urbain. En investissant différentes formes d’expression (écriture, dessin, peinture, photographie, vidéo, chorégraphie…), il met en exergue les conditions aléatoires inhérentes à cette pratique artistique au statut illégal et le caractère éphémère de ces oeuvres conçues au sein de l’espace public.
En 2014, SAEIO est condamné à une amende de 50 000 euros pour « dégradations volontaires de bien d’utilité publique, pénétration et circulation sur voies ferrées ». L’installation DO UT DES (2015 – « je donne pour que tu me donnes » en latin) est une sorte de mise en représentation de son procès comme reconnaissance légale de son oeuvre.
L’inventaire de la centaine de « faits de dégradations vandales », avec descriptions détaillées illustrées par la photographie, rassemble un ensemble de pièces à conviction. Il est présenté comme le catalogue raisonné de l’oeuvre de l’artiste, tandis que l’estimation de leur coût de nettoyage devient leur prix de vente.
Dans ce processus de détournement, SAEIO questionne notre rapport à la photographie et son statut documentaire, en jouant sur ses usages traditionnels : la photographie produite comme preuve judiciaire est ici assimilée à sa fonction de reproduction d’oeuvre d’art. Ce phénomène de réappropriation s’étend jusqu’à l’exploration des qualités formelles de certaines images, qui lui inspirent la création de sérigraphies.
Né en 1987 à Paris, SAEIO était un électron libre de la scène graff contemporaine. Décédé en 2017, il a exposé de son vivant en France comme à l’étranger (Allemagne, Japon, Brésil…). Radicale, sa pratique artistique déjoue les codes du graffitti.
Exposition présentée avec l’aimable collaboration des parents de SAEIO, de Nicolas Dolto et des éditions Peinture
Commissariat : Anne Lacoste, directrice de l’Institut pour la photographie