Olivier Despicht

Mise à disposition au sein de l’espace public, la cabine photomaton est un lieu privilégié pour l’exploration de notre identité. Elle est aussi un lieu de création dans lequel les artistes investissent l’automatisme de la machine. Entre 1992 et 2002, le photographe lillois Olivier Despicht réalise une collection de plus de 140 photomatons dans le cadre de recherches formelles autour du portrait. 

Étudiant à l’École Supérieure des Arts Saint-Luc de Tournai, il choisit le photomaton pour un exercice imposé sur l’autoportrait. La cabine devient un espace de mise en scène de soi. Au cours des séances, Olivier Despicht apprend à maîtriser la machine : il vérifie le cadrage dans le reflet de la vitre et connaît le temps de son déclenchement. Grâce à la complicité du technicien responsable de la maintenance de l’appareil, il expérimente aussi le rendu de couleur des tirages dont les tonalités saturées donnent une dimension surréaliste à la série. 

Pour son projet consacré à la représentation du couple, Olivier Despicht privilégie au contraire la simplicité formelle et standard du photomaton – désormais numérique – pour des jeux de mise en regard des visages. Le traitement monochrome et quasi-uniforme de la série, ainsi que le format répétitif des portraits d’identité, font ressortir la variété des poses qu’il crée avec la complicité de sa compagne, malgré l’exiguïté de la cabine. Au fil des ans, ces séances, réalisées dans un photomaton à l’occasion de leurs courses alimentaires, témoignent de leur vie intime. En y associant ses enfants, Olivier Despicht accueille alors l’imprévisible et la série se transforme en un album de famille original et unique. 

Né à Lille, Olivier Despicht (1968-) a étudié la photographie à l’École Supérieure des Arts Saint-Luc de Tournai (Belgique). Il enseigne au Centre d’arts plastiques et visuels de la Ville de Lille. Depuis plus de trente ans, le portrait photographique et ses variations constituent l’axe prédominant de son travail. 

Commissariat : Anne Lacoste, directrice de l’Institut pour la photographie