Mohammad Hadi Rahnaward

TILATILAA, 2019

03 novembre 24 décembre 2023
Exposition

Le cadre dans le cadre. On ne voit finalement que le cadre. Ce cadre fixe qui renforce une impression de théâtralité.
Dans son travail vidéo, Mohammad Hadi Rahnaward aime aller à l’essentiel, concentrer le point de vue sur une action, une image, un visage qui se démultiplie, s’allonge, se répète. 

Cette épure dans la réalisation donne d’autant plus de force à son propos qu’il l’universalise. Dans la vidéo Tilatilaa, qu’il réalise en 2019 à Kaboul, l’artiste afghan montre des hommes se pousser du col pour être au centre de l’attention, apparaître dans le cadre doré et mouluré qui renvoie à une certaine vision du pouvoir et de la célébrité. Bien que l’inspiration vienne d’un contexte précis et des comportements de politiciens à l’approche d’une élection, la situation qu’il représente avec peu de moyens prend l’allure d’une parabole, ces récits allégoriques derrière lesquels se cache un enseignement. L’effet de boucle que prise le vidéaste pointe, peut-être avec une forme de fatalisme, une situation inextricable, un cercle vicieux qui touche à l’absurdité. La récurrence de certains comportements égoïstes, de certains schémas de domination, dépasse les frontières. Mais le contexte de l’Afghanistan, avant que les talibans ne prennent le pouvoir, est le point de départ des réflexions de Mohammad Hadi Rahnaward, qu’elles soient de prime abord politiques ou philosophiques.
Il n’y a ainsi pas de femmes dans Tilatilaa. Par un jeu de hors-champ, les cadres choisis par l’artiste révèlent, à bien les regarder, l’envers de l’histoire contemporaine. De par leurs frontalités, ils revendiquent, au-delà des espoirs déçus et d’un constat amer, une mise à distance. 

Texte d’Henri Guette, critique d’art et commissaire d’expositions, membre du collectif Jeunes Critiques d’Art 

Mohammad Hadi Rahnaward (1986-) est un artiste plasticien et vidéaste originaire d’Afghanistan. Il vit et travaille à Lille. Son oeuvre plastique et vidéo vise à dénoncer l’histoire afghane comme un cercle vicieux d’absurdités qui se répètent.