Projection du film « Today I’m with you » de Sirkka-Liisa Konttinen
*Sirkka-Liisa Konttinen est d’origine finlandaise. Elle intègre l’école Regent Street Polytechnic film de Londres à la fin des années 1960 où elle rencontre Murray Martin (1943-2007, cinéaste documentaire) et Graham Denman (cinéaste). Le trio décide de former un collectif, Amber, et s’installe en 1969 à Newcastle-upon-Tyne, ville industrielle du Nord-Est de l’Angleterre. Amber fonctionne sur le modèle collectif de la photographie communautaire. Son objectif est de documenter la vie et la culture des communautés ouvrières, à la fois dans un « esprit de dénonciation » et de préservation de leur mémoire alors que déclinent les emplois manufacturiers dès les années 1970. Lors d’une série d’expositions rétrospectives de son travail, Amber réaffirme cet engagement en 1995 :
« Notre ambition initiale, en tant que réalisateurs et photographes, de travailler ensemble et de produire des documents sur la vie des ouvriers de la région, en s’impliquant dans une relation longue et continue avec les communautés locales, est restée intact. »
Les activités du groupe sont multiformes, entre films et photographies documentaires, archives, atelier cinématographique, salle de cinéma et espace d’expositions – la Side Photographic Gallery – dédiée autant à la photographie régionale qu’internationale. Bien qu’engagé et militant, le collectif revendique une vision artistique et subjective dans son travail parce que, comme le dit Murray Martin, « […] l’artiste est le porte-parole de la communauté […] ». Ils abordent le documentaire selon la définition qu’en donnait John Grierson (producteur et réalisateur – 1898-1972) : « « […] je vous demande de vous rappeler que travailler sur la réalité ne veut pas dire reproduire mais interpréter. Nous devons lui donner une forme créative
[…] C’est toujours bien si cette interprétation est une vraie interprétation, c’est-à- dire qu’elle doit mettre en lumière les faits, elle doit les rendre vivants, elle doit indiquer de manière précise et approfondie la relation humaine qui nous lie à eux. »
L’esthétique du collectif puise aux sources de la tradition documentaire britannique des années 1930, de John Grierson ou de Mass Observation. Teintée parfois de romantisme, les images sont une célébration constante de la classe ouvrière. À partir de la moitié des années 1970, elles ont pour objectif, d’une part, de dénoncer « l’impact de certaines décisions sociales et politiques sur la vie des gens » et d’autre part, d’enregistrer une culture, une manière de vivre, « avant et pendant le processus d’une destruction forcément délibérée ».
Amber Collective, contrairement aux autres photographes communautaires comme Jo Spence, ne donne pas la caméra ou l’appareil photo à la population pour qu’elle se représente elle-même. Murray Martin explique que « souvent, les gens veulent qu’on disent des choses sur eux ou qu’on parle en leur nom mais ils n’ont pas nécessairement les compétences ou l’envie de le faire eux-mêmes. »
Quarante ans après leur installation, Amber et la galerie Side qui s’y rattache existent et travaillent toujours à Newcastle-upon-Tyne.