Julie Bourges
Les eaux-fortes
« La mer est aussi imprévisible que les femmes. »
« Femmes à bord, diable au lest. »
« Deux maux sans remèdes, le vent et les femmes. »
En mer, les femmes ont longtemps été perçues comme une menace pour un navire et son équipage. Et si des figures féminines étaient érigées comme déesses protectrices à la proue des bateaux, il ne fallait ni embarquer de femmes ni en croiser une avant de monter à bord. Bien qu’elle soit ancestrale, cette légende pèse encore aujourd’hui sur celles qui travaillent en mer. L’univers marin reste très masculin et une femme doit, bien plus que le reste de l’équipage, faire ses preuves et se faire sa place.
Camille, Louise, Alice et Gwen sont marins-pêcheurs, respectivement à Ploubazlanec près de Paimpol, Loctudy, St-Jean-de-Luz et au Grau-du-Roi. À chaque fois qu’elles embarquent pour une saison de pêche, elles creusent le sillon de ces femmes fortes et déterminées qui bravent les éléments et les contraintes de leur métier. Une activité majoritairement pratiquée par des hommes et de plus en plus menacée par la pêche industrielle, qu’elles exercent par amour de la mer et du travail au grand air.
Les eaux fortes sont le récit initiatique de ces figures féminines viscéralement liées à la mer et qui déjouent les croyances et les superstitions en décidant de vivre leur vocation. Il raconte l’odyssée intime de ces héroïnes des mers qui, en prenant le large, partent conquérir leur liberté et (ré)écrivent leur légende.
Cette série fait partie d’un projet plus large sur les femmes et la mer qui a reçu le Soutien à la photographie documentaire contemporaine du CNAP.
—
Née en France en 1981. Vit à Rennes et à Paris. Après une formation en photojournalisme à l’Émi-CFD, Julie Bourges se consacre à l’actualité et au documentaire. En 2008, « Flamencos » obtient le coup de cœur bourse du Talent. Tout en assurant des travaux de commande pour la presse, elle met en images des univers oscillant entre abstraction et onirisme. Inspirée par Federico Fellini, Theo Angelopoulos ou Italo Calvino, elle élabore des images minimalistes, fragmentaires et hors du temps qui laissent place à l’imagination.